"Il y a bien des aspects positifs, c’est ainsi que de grandes causes trouvent un écho qu’elles n’auraient pas eues sans les réseaux sociaux."

 


 

"Influencer c’est impacter un ou plusieurs domaines par son expertise, sa légitimité, son expérience ! Un influenceur par l’inspiration qu’il peut susciter pèse sur les décisions et orientations de domaines entiers."

Dans le livre blanc de "l'influence digitale par celles et ceux qui la font", Cision France a souhaité prendre le pouls d'un marché de l'influence complexe et protéiforme en prise directe avec l'actualité politique, économique, sociale et parlementaire. Interview réalisée par Aurélie Siou, Directrice Influence, Communication & Relations Publics de Cision France.

 

 

Aurélie Siou : Vous faites partie du Top 50 des décideurs Data les plus influents sur LinkedIn (Classement LesBigBoss & Influence4You). Quelle est votre définition de l’influence ?

 

Samir Amellal : En l’occurrence, je pense que l’influence réside dans la capacité à faire entendre une opinion, ses idées, sa posture, son combat, faire émerger une situation, un phénomène… .

Influencer c’est impacter un ou plusieurs domaines par son expertise, sa légitimité, son expérience ! Un influenceur par l’inspiration qu’il peut susciter pèse sur les décisions et orientations de domaines entiers.

Nous voyons une nouvelle forme d’influence émerger avec Yahoo qui conseille aux marques de proposer des bons plans et des influenceuses qui partagent les petits prix et les promotions des grandes enseignes. Ces mécaniques sont-elles compatibles avec une consommation durable ?

Le fait pour une marque de s’adosser à des influenceurs est plutôt sain, d’abord parce qu’en principe un influenceur est censé bien conseiller et animer sa communauté au risque de la perdre, il a donc l’avantage d’une plus grande neutralité que la marque elle-même.

Par ailleurs, si ces influenceurs intègrent des dimensions éthiques et sociétales cela challenge les marques et les inscrit dans une consommation plus durable.

 

A.S. : Les dérives sur les réseaux sociaux sont-elles la conséquence de 40 ans de consumérisme effréné ? Comment y remédier ?

 

S.A. : C’est selon moi surtout un révélateur de ce dont nous sommes capables dans le mauvais sens du terme, les réseaux sociaux reposent sur des technologies qui facilitent l’interaction sociale ce qui rend les dérives plus faciles, mais les arnaques, le harcèlement, la désinformation et même les discussions de comptoirs ne sont pas nés avec les réseaux sociaux !

Néanmoins les réseaux sociaux en tant que catalyseur social exacerbent à la fois des comportements négatifs et positifs, car il y a bien des aspects positifs, c’est ainsi que de grandes causes trouvent un écho qu’elles n’auraient pas eues sans les réseaux sociaux.

 

Prenez par exemple les dérives cette fois dans la vie réelle (harcèlement, agressions, discriminations systématiques) qui ont été révélées et combattues grâce aux RS. Bien que parfois incriminées, les innovations et technologies sur lesquelles reposent les RS (Internet, Smartphones …), ne sont intrinsèquement ni morales ni immorales ! Je dirais qu’elles sont amorales.

Les dérives étaient répréhensibles avant les RS et elles doivent le rester. Ce qui change ce sont les moyens et l’échelle de ces dérives, il faut donc se doter de nouveaux moyens adaptés, ces derniers peuvent être technologiques, légaux et surtout éthiques ; les entreprises et marques qu’elles soient plateformes ou utilisatrices de RS doivent faire preuve de responsabilité !

 

A.S. : Quelles démarches entreprenez-vous chez Auchan pour influencer des nouveaux comportements de consommation vertueux ? (sobriété, vrac, moins de poisson et de viande)

 

S.A. : Certains de ces enjeux comptent parmi les éléments essentiels de notre stratégie ; nous devons réconcilier des défis comme l’inflation et le coût de la vie et une consommation plus durable et plus qualitative. Nos clients ne devraient pas avoir à choisir entre la fin du mois et la fin du monde !

Pour cela nous accordons une attention toute particulière à nos filières, à la traçabilité, au “nearshore” car l’expérience nous montre que le manichéisme débouche souvent sur des impasses. La globalisation immodérée a montré ses limites, nous faisons le choix du glocal !

 

A.S. : Le modèle « data-driven » développé par Auchan que vous pilotez est-il voué à répondre aux enjeux actuels des consommateurs (inflation, lutte anti-gaspillage) ?

 

S.A. : Bien sûr, oui ! La data va nous aider à mesurer pour optimiser (anti-gaspillage, sobriété), à mieux prédire et anticiper (demande, services…), à réécrire nos processus métiers (approvisionnement, assortiments), à mieux piloter la traçabilité (“data linéage”), à faire face à l’inflation (algo de gestion des élasticités prix).

Pour cela, la Data doit être rendue disponible et fiable, robuste et intelligible ! Nous nous dotons progressivement d’une plateforme faisant office de point unique de vérité fiable sur lequel reposent les dispositifs permettant de faire face aux défis en question.