Les fake news ne concernent pas que les citoyens, les politiques… Elles menacent aussi les entreprises et les marques, car elles sont désormais des cibles directes. Rumeurs infondées, fake news virales... En quelques heures, une fausse information peut ternir une réputation construite sur des années. Et les communicants sont en première ligne pour détecter et contrer ces menaces.
Cocréé par Cision, en collaboration avec Thomas Huchon, producteur, auteur et journaliste spécialiste des fake news, et illustrée par le dessinateur de presse Rodho. Cision s’engage et lance la formation ANTI-FAKE NEWS.
Il est urgent de sensibiliser et de former les professionnels à repérer les biais cognitifs, décrypter les algorithmes et déjouer les pièges de la viralité. Comprendre les mécanismes de la désinformation, c’est protéger non seulement l’image de marque, mais aussi la confiance du public et des partenaires.
Face à cet enjeu, une seule arme : l’esprit critique.
« Plus que jamais, le faux submerge nos écrans et parait de plus en plus vrai, chacun peut être trompé et manipulé. Il nous faut d’urgence élever notre esprit critique pour demeurer des citoyens éclairés et des professionnels avertis » Cyndie Bettant, co-autrice et cheffe de projet d’ANTI-FAKE NEWS – La Formation Pro.
La parole est à Nadia Bahhar-Alves, Directrice communication, Membre du Board Diversidays et lead Résonance CEC Monde Académique.
"Un seul mot d’ordre pour lutter contre les fakes news : ne pas perdre de vue que notre esprit critique doit être sans cesse nourri par la réflexion et la curiosité tout en gardant en tête qu’être responsable et éthique, c'est également le socle du bien vivre ensemble dans notre société moderne (parfois un peu trop)."
Est-ce que vous trouvez la formation ANTI-FAKE NEWS utile pour sensibiliser les communicants aux dangers de la désinformation ?
Je trouve cette formation très utile ! Pour moi, elle ne devrait pas être disponible que pour les pros. Elle pourrait également être proposée aux étudiants destinés aux métiers de la communication, mais aussi aux jeunes dans le secondaire ! J’ai trouvé ce parcours très didactique, l’intervenant est très pédagogue et donne même envie d’aller plus loin ! Férue de l’émission « La fabrique du mensonge » et des décryptages des mécanismes de propagation de fakes news et de mésinformations, en 1h30, je n’ai pas vu le temps passer !
Cette formation a un réel intérêt, même si en qualité de communicante, on pense en savoir assez et être en mesure de se prémunir des fakes news, car non seulement elle permet d’apprendre et de découvrir les fondamentaux pour parer aux dangers de la désinformation, mais elle permet aussi de conforter ses acquis et de mieux être formés notamment aux enjeux des marques.
Biais cognitifs, algorithmes, circulation des fake news, différenciation des types d’informations, renforcement de l’esprit critique professionnel, responsabilité éthique, … tout y est !
J’ajouterais peut-être un exemple avec la déconstruction, de A à Z, d’un cas permettant à chacun de s’y identifier et donc de mesurer les risques de la désinformation.
Ce que je garde en tête ? « Votre esprit critique, c’est la boîte à outils magique pour vous », et c’est ce que je tente notamment d’inculquer à mes enfants au quotidien !
L’éducation au média est souvent mise en avant pour les enfants. Pensez-vous que les adultes surestiment leur capacité de résistance à la désinformation ?
L’éducation aux médias, mais aussi aux médias sociaux, est devenue à mon sens indispensable pour les enfants afin qu’ils puissent utiliser avec discernement les différents médias, supports numériques auxquels ils ont accès, et qu’ils puissent évaluer les différents aspects d’une information avant de pouvoir formuler une opinion et/ou juger de sa fiabilité.
Il n’est plus à prouver que leur mode de consommation de l’information se fait essentiellement via les réseaux sociaux qui leur proposent des formats plus attractifs, captant plus facilement leur attention avec des stories, vidéos courtes, dynamiques et rythmées, … mais à quel prix ?
Une étude récente de BornSocial [1] a d’ailleurs mis en lumière que 75% des moins de 13 ans utilisent une application sociale de manière régulière, confirmant l’intégration des réseaux sociaux comme une routine habituelle dès le plus jeune âge.
Bien qu’ils soient jugés, et à raison, comme des générations hyperconnectées et hyper équipées, cela ne signifie pas qu’ils maîtrisent ces nouvelles technologies et leurs codes.
Leur rapport au numérique et la facilité d’accès à une masse d’informations, ainsi qu’à leurs dérives (mésinformations, fake news, …), est souvent totalement biaisé, ce qui ne leur permet pas de se construire sereinement ni de développer leur esprit critique.
S’ils bénéficient d’une bonne éducation aux médias et aux réseaux sociaux, dès qu’ils sont en âge de comprendre, ils peuvent rapidement développer leur pouvoir de réflexion, utiliser les médias de façon autonome, exploiter les informations de façon raisonnée et les utiliser de manière responsable.
Ils peuvent aussi détenir quelques clés pour être en alerte face au trop-plein d’informations (infobésité) auquel ils sont exposés aisément du fait de leur accès précoces aux outils numériques (téléphones portables, tablettes, ordinateurs) et aux différentes plateformes sociales existantes qu’ils « consomment » régulièrement (Instagram, Facebook, TikTok, SnapChat…).
Développer leur sens critique en ayant le réflexe de croiser et de vérifier différentes sources d’une information sur plusieurs médias fiables, aller s’enquérir des avis des consommateurs, des témoignages… et pourquoi pas, ouvrir le débat avec leurs camarades ou leurs parents pour essayer de comprendre comment fonctionnent les fakes news, les algorithmes, voir même ce qu’est l’enfermement dans une bulle qui éloigne de la réalité, réel terreau des idées reçues.
Ils peuvent également se familiariser avec les arnaques qui explosent depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux et dans lesquelles ils peuvent facilement tomber, influencés par la pression de leurs pairs, jouant avec leurs émotions et les attirant avec des fausses ventes, des détournements de marques et des promotions inexistantes associées (Clickbait) ou encore avec des arnaques sentimentales (Catfishing).
Les enfants ont une certaine capacité, à différents âges, à résister à certains niveaux de désinformation, même si beaucoup d’adultes n’y croient pas, car cela les renvoie à leurs propres difficultés à s’en déjouer. Dans l’imaginaire collectif, un enfant reste naïf, doit être éloigné des « problèmes de grands », ne peut s’exprimer ni avoir une opinion sur des sujets d’actualité qui ne « sont pas de son âge ».
Or dans ce cas précis, comme dans beaucoup d’autres situations, il ne faut pas oublier que malgré leur jeune âge, et au vu des évolutions de vie de notre société et de la façon de les élever, ils ont une énorme capacité d’adaptabilité, d’apprentissage et de compréhension dès lors qu’ils sont accompagnés avec les bons mots et les outils pédagogiques adaptés.
L’éducation aux médias est une compétence importante qui doit se développer progressivement, et cela très tôt, de sorte que ses effets soient plus durables sur ces citoyens de demain.
Elle doit être renforcée par un environnement éducatif et familial attentif.
[1] #BornSocial2024 – 9ᵉ édition – agence Heaven Paris : https://heaven.paris/wp-content/uploads/2024/10/BORN-SOCIAL-2024.pdf
Est-ce que les fake news sont un vrai risque aujourd'hui pour les marques ? Pouvez-vous nous citer une marque qui a subi une campagne de désinformation, pourquoi et comment ?
Dans un monde où l’information circule à toute vitesse, dans un environnement du « tout numérique », une rumeur infondée dans l’objectif de manipuler l’opinion public est également un réel danger pour les marques. Cela peut porter gravement atteinte à la réputation d’une entreprise, impacter son business et ses ventes, provoquer une crise durable dont elle aura du mal à se relever.
D’autant plus qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, n’importe qui peut créer le buzz à l’aide d’une simple publication, publication qui peut ouvrir rapidement la porte au lynchage numérique parfois même à l’appel au boycott sans prendre le temps du recul et de la vérification de la véracité de l’information diffusée.
En 2021, en pleine crise COVID-19, Pfizer a été la cible d’une campagne de désinformation en France orchestrée par l’agence de communication Fazze, filiale d'AdNow, société de marketing basée en Russie.
L’agence, qui a aussi ciblé d’autres pays, avait essayé d’organiser une « campagne informationnelle » de diffamation en tentant de s’appuyer sur plusieurs influenceurs français [2] en leur demandant de publier des vidéos sur leurs comptes contre rémunération après les avoir contactés et leur avoir envoyé un brief ainsi que plusieurs documents.
Objectif ? Discréditer le vaccin Pfizer-BioNTech. Cette campagne devait montrer les prétendus risques des vaccins européens contre la COVID-19, exposeé que le vaccin Pfizer présentait un taux de mortalité 3 fois supérieur à celui d’AstraZeneca et que les grands médias savaient mais se taisaient. L’agence avait demandé aux influenceurs de publier un lien vers un article du Monde traitant des documents de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) sur le DarkWeb [3] et d’indiquer dans leurs vidéos destinées à leur communauté qu’ils devaient « en tirer leurs propres conclusions ».
Des données scientifiques falsifiées accompagnaient également la demande de diffusion de ces vidéos visant à discréditer le laboratoire et à semer le doute sur le vaccin en France, dans un contexte déjà plus que tendu socialement et économiquement par cette pandémie.
D’autres influenceurs européens, mais aussi mondiaux, avaient été contactés, tous ont refusé sauf deux influenceurs indien et brésilien, dont les vidéos ont été retirées par la suite une fois le scandale mis à jour.
Cette campagne, qui questionne sur le bienfondé éthique, mais aussi sur l’ingérence informationnelle d’un pays, avait été lancée au même moment où le vaccin Russe Spoutnik n’avait pas obtenu son homologation par l’EMA et donc aucune possibilité de commercialisation en Europe et sur le territoire français.
[2] Cf X (Tweet) alerte de @dirtybiology aka Léo Grasset (140,9K abonnés), qui publie des documentaires scientifiques sur sa chaîne YouTube Dirty Biologie 1,16M d’abonnés - https://x.com/dirtybiology/status/1396719090321010688
CF X (Tweet) alerte de @SamiOuladitto aka Sami Ouladitto (7531 abonnés), chaîne YouTube 587K d’abonnés -
https://x.com/SamiOuladitto/status/1395329457452355584
[3] « Ce que disent les documents sur les vaccins anti-Covid-19 volés à l’Agence européenne des médicaments » - Le Monde – 16 janvier 2021 par Lise Barnéoud : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/16/vaccins-ce-que-disent-les-documents-voles-a-l-agence-europeenne-des-medicaments_6066502_3244.html
Recommanderiez-vous cette formation pour apprendre à déjouer les pièges de la désinformation à votre réseau ou écosystème ?
Oui ! Je pense que nous sommes toutes et tous confronté(e)s dans notre entourage, et parfois le plus proche, à des personnes sur lesquelles les mécanismes de manipulation et de fausses informations fonctionnent. Qui ne s’est jamais retrouvé à dîner, un événement familial ou amical, à tenter d’expliquer qu’elles étaient les rouages de la désinformation et comment on pouvait très rapidement se retrouver exposé à des contenus ou des informations fausses, montées de toutes pièces pour manipuler l’opinion.
Que cela soit politique, climatique ou encore sociétale, chaque jour amène son lot de désinformation auxquelles nous devons faire face mais surtout pour lesquelles nous devons prendre le temps de la réflexion et de la recherche pour en valider ou pas la véracité.
Ce qui est de plus en plus compliqué avec la rapidité de la circulation des informations qui deviennent virales grâce aux réseaux sociaux et à leurs démultiplications.
Cette formation pose les bases essentielles et incontournables pour bien comprendre ce qu’est la mésinformation et la désinformation qui peuvent grandement nuire à la réputation d’une marque, d’une institution mais aussi d’une personne, qu’elle soit publique ou non.
Prenons par exemple la dernière campagne de mésinformation en date du 9 mai 2025 : le voyage en Ukraine du Président de la République, Emmanuel Macron, en compagnie du Chancelier allemand, du Premier Ministre anglais et LE « pochon de cocaïne ».
Un simple mouchoir posé sur la table a su agiter la sphère conspirationniste sur les réseaux sociaux, dont Alex Jones figure du complotisme américain, à un tel point que l’Élysée a dû démentir avec humour sur son compte X (Twitter) avec un mème [4] pour mettre fin au « MouchoirGate ».
Campagne bien huilée, elle reprend parfaitement les codes de la désinformation : une image banale sortie de son contexte, détournée et utilisée à des fins trompeuses tout en étant relayée par des grands noms de la sphère conspirationniste pour mettre le doute, discréditer et alimenter un récit dans lequel les politiques seraient tous corrompus.
La guerre de la désinformation, et notamment politique pour déstabiliser un pays, n’a donc pas fini de nous surprendre.
A tous les âges, du moins à l’âge de conscience, il est temps de prendre en considération que nous sommes aussi en tant que citoyens responsables et que nous aussi à notre niveau nous pouvons participer sans le vouloir à la circulation et à la montée de la désinformation.
Un seul mot d’ordre pour lutter contre les fakes news : ne pas perdre de vue que notre esprit critique doit être sans cesse nourri par la réflexion et la curiosité tout en gardant en tête qu’être responsable et éthique c’est également le socle du bien vivre ensemble dans notre société moderne (parfois un peu trop).
[4] CF X (Tweet) @Elysée (2,8M abonnés) « Quand l’unité européenne dérange, la désinformation va jusqu’à faire passer un simple mouchoir pour de la drogue. » https://x.com/Elysee/status/1921672059630870828
Formez-vous aux enjeux de la désinformation
Une formation d'1h30 proposée par Cision, co-réalisée avec le journaliste Thomas Huchon
La désinformation n'a pas de limite, elle n'est pas qu'une affaire politique, ni uniquement un enjeu d'éducation de nos enfants mais met en cause chacun, que ce soit en tant que citoyen, parent, professionnel, marque ou entreprise. Dans un monde où le faux submerge nos écrans et parait de plus en plus vrai, il faut être conscient que nous pouvons TOUS être trompés et manipulés.
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