Bienvenue sur Com’On Leaders un espace de discussions ouvert pour tous les communicants qu’ils souhaitent échanger sur les enjeux de l’information, sur notre monde, la société, les consommateurs, les entreprises, les marques.

Pour cet épisode nous avons eu le plaisir de recevoir Cyrille Frank, Fondateur Mediaculture et de la newsletter Mediarama (L’intelligence médias par CosaVostra).

La restitution des États généraux de l’information a eu lieu le jeudi 12 septembre 2024 au Conseil économique, social et environnemental (CESE), en présence des membres des EGI, des citoyens ayant participé aux consultations des neuf derniers mois et de l’ensemble des parties prenantes. Lancés en octobre 2023 par le président de la République comme un processus indépendant, collectif et collaboratif, les États généraux de l’information ont travaillé neuf mois durant. Neuf mois pendant lesquels des citoyens, des journalistes, des éditeurs, des chercheurs, des hauts fonctionnaires, des associations et des jeunes ont réfléchi au devenir de l’information.

Cinq groupes de travail rassemblant une cinquantaine de personnes ont œuvré à un ensemble de propositions sur des thèmes précis. 22 assemblées citoyennes et évènements organisés en région, 174 auditions, 76 contributions écrites adressées aux membres des EGI.

Aujourd'hui, la transformation rapide des médias sous l'impact des plateformes technologiques et de l'intelligence artificielle (IA) et de la prolifération des fake news impose de nouvelles réflexions. Comment garantir la pérennité des modèles économiques tout en maintenant l’intégrité et la qualité de l’information ? La labélisation des médias est-elle un nouveau business model pour les marques ? Est-ce la solution ? Comment les communicants peuvent-ils jouer un rôle dans la lutte contre la désinformation et si oui le(s)quel(s) ? Est-ce qu’une marque doit-elle mettre tous ses investissement pub dans les réseaux ? Ou mieux communiquer avec les journalistes ? Ou encore communiquer moins ?

 

«On ne valide pas la qualité finale de l’info, on valide la manière de la fabriquer. Ça change tout, parce qu’on parle de liberté d'expression. Et donc, on prendrait le risque de limiter la liberté de ce qui est exprimé. » - Cyrille Frank.

 

 

Labellisation des médias - une solution pour le modèle économique ?

Dans cet échange, Cyrille Frank nous parle de l’importance de renforcer la pérennité et l'indépendance de l'information, en se concentrant sur des enjeux comme la lutte contre la désinformation et son impact potentiel sur le modèle économique de la communication et des marques. Il met en avant la question d'une labellisation des médias pour garantir la fiabilité, mais il émet aussi des réserves sur le classement des sources, préférant une évaluation des processus de production. Tout en mettant en garde contre les risques de censure et de partialité et souligne l'importance de la transparence et de la qualité dans la fabrication de l'information. Il évoque aussi les défis posés par les plateformes sociales et d'IA, qui tirent profit du contenu des éditeurs sans toujours les rémunérer équitablement. Un modèle de paiement régulier et transparent, basé sur l'utilisation réelle du contenu, serait souhaitable. Cette certification pourrait donc être un gage de qualité, essentiel pour convaincre les plateformes de payer pour les contenus, tout en offrant aux marques un espace de diffusion plus sûr et de meilleure qualité. 

Publicité et indépendance journalistique - un équilibre fragile

Cyrille Frank s’interroge également sur la fonction de la publicité dans le financement de l’information, rappelant son rôle historique dans la démocratisation des connaissances. Cependant, il note que l'indépendance journalistique reste fragile, peu importe la source de financement, et qu’il est crucial de trouver un équilibre pour éviter les dérives, que ce soit envers les annonceurs, l'État ou les lecteurs.

Responsabilité des marques et éthique de la communication

En ce qui concerne la responsabilité des marques, Frank souligne l'importance d'une communication plus ciblée et moins intrusive, en lien avec une « économie de l'attention » où la qualité prime sur la quantité. Il prône également une implication des entreprises dans une communication éthique, évitant de financer des sources de désinformation et soutenant une information de qualité.

Pour finir, il aborde l'importance pour les journalistes d'adopter une approche responsable en évitant le simple relais de faits divers sans contexte. Selon lui, les influenceurs et créateurs de contenu jouent désormais un rôle important, mais doivent, comme les médias, adhérer à des normes de qualité pour être crédibles.

 

Les 5 points à retenir de cette interview

1. Certification et modèle économique des médias : un enjeu crucial pour l’avenir de la communication

Comment garantir la pérennité des modèles économiques tout en maintenant l’intégrité et la qualité de l’information ? La question de la labélisation des médias basé sur la qualité de leurs contenus pourrait convaincre les plateformes de rémunérer les éditeurs de manière équitable et permettrait aussi aux médias de justifier des tarifs publicitaires plus élevés en garantissant une "Brand Safety" aux annonceurs. Mais tout reste à construire…

 

2. Les communicants face à la désinformation : une responsabilité sociétale

Les professionnels de la communication ont un rôle important à jouer dans la lutte contre la désinformation. En évitant de promouvoir des sources peu fiables, ils protègent la réputation des marques et renforcent la confiance du public. Une communication éthique et responsable est essentielle pour maintenir une relation durable avec les audiences. Promouvoir le "buzz" sans considération éthique représente un risque de confusion pour le public et de détérioration de la réputation des marques. Il est essentiel d’éviter de financer des sources douteuses ou de contribuer à la diffusion d’informations non vérifiées telles que les fake News… Les communicants ont un rôle de protecteurs de la confiance et doivent se poser la question de la relation à long terme qu’ils souhaitent entretenir avec leur public.

 

3. Vers une nouvelle responsabilité des entreprises : l’éducation aux médias

Les entreprises pourraient-elles jouer un rôle dans l’éducation aux médias ? Face aux dangers de la désinformation, elles pourraient en effet contribuer à sensibiliser leurs employés et le grand public aux bonnes pratiques de consommation de l’information, en intégrant par exemple des formations sur les médias sociaux et sur la manière dont se construit l'information. Cette démarche pourrait s’inscrire dans le cadre de la Responsabilité Sociétale des Entreprises Démocratique (RSED), avec pour objectif de favoriser une société plus informée et moins influencée par les fausses nouvelles. Mais attention, si l’idée est louable sa mise en pratique peut se révéler délicate…

 

4. Un Modèle Publicitaire en Mutation

La publicité reste un pilier essentiel pour le financement des médias, mais dépendre uniquement de cette source peut mettre en péril leur indépendance. Pour garantir la pérennité de leur modèle économique, les médias doivent équilibrer les revenus provenant de la publicité, des abonnements payants et des accords avec les plateformes numériques. 

 

5. Vers une Communication Réduite mais de Qualité

Dans un contexte où l'attention des audiences est de plus en plus difficile à capter, les marques devraient privilégier une communication de meilleure qualité, plus ciblée et moins fréquente, afin de renforcer l’engagement. Les médias sont mieux placés pour offrir une attention de qualité grâce à leur relation de confiance avec leur audience.

 

En conclusion : un équilibre à trouver entre engagement et rigueur journalistique

Le journalisme doit aujourd’hui répondre à des attentes d’engagement tout en respectant des standards de rigueur et d’objectivité. Trouver un équilibre entre une information impartiale et une responsabilité citoyenne est essentiel. Les influenceurs, quant à eux, jouent un rôle complémentaire et représentent une nouvelle source d’influence que les médias traditionnels doivent observer de près. Ils permettent une interaction et une proximité avec le public, mais doivent eux aussi suivre des standards de qualité et de vérification pour gagner en crédibilité. 

L'importance de la labélisation des médias peut être un levier essentiel pour assurer la qualité et la monétisation des contenus dans l’écosystème numérique. Ce processus est crucial pour contrer la désinformation et pour que les médias soient justement rémunérés par les plateformes, renforçant ainsi la pérennité et l’indépendance de leur modèle économique.

Enfin comme le suggère Cyrille pour l’écriture de Mediarama, sa newsletter : « Les gens viennent chercher de l’incarnation, de la sincérité décisive, si on n’a pas ça, on passe à côté. L’IA rend des tas de service, du temps pour aller à l’essentiel mais on a quand même besoin de personnalité en qui on déléguer une confiance et dont on apprécie les choix, ou pas, mais que l’on aime suivre… Et c’est ça qui fera la différence avec l’IA. » À suivre sans modération…

 

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